mercredi 25 mars 2020

Lectures-Le dernier camp de la mort


Le dernier camp de la mort

« Le dernier camp de la mort » se fonde sur une documentation abondante. Les auteurs étudient le camp de Neuengamme, ainsi que l’histoire du Cap Arcona et la tragédie de ces hommes qui y ont péri.

Grands connaisseurs de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle ils ont consacré de nombreux livres, Pierre Vallaud et Mathilde Aycard publient une étude sur un drame méconnu du conflit : la tragédie du Cap Arcona (3 mai 1945) qui coûta la vie à plus de 7 000 personnes. Tous les ingrédients tragiques de cette guerre sont réunis pour en faire un moment particulièrement douloureux. Le paquebot est coulé par erreur par la RAF dans les eaux de la Baltique, entraînant avec lui ses passagers qui sont des anciens détenus de camp.

Tout commence avec le camp de concentration de Neuengamme qui voit passer 100 000 détenus et qui totalise 60 000 morts. C’est l’un des camps où la mortalité est la plus forte, de par les mauvais traitements, les épidémies et les expériences médicales qui y sont menées. Nombreux sont les opposants politiques et les ennemis du Reich nazi à y avoir été envoyés. Le camp est situé à proximité de Hambourg, non loin de la baie de Lübeck.

Le 30 avril 1945, Hitler se suicide dans son bunker.
Les marches de la mort
La guerre ne s’arrête pas pour autant et les derniers fanatiques du régime continuent de se battre. Les armées soviétiques approchent, Berlin est pris le 2 mai. À l’ouest, ce sont les Alliés qui avancent également. La vie des camps aurait pu s’arrêter là, sauf que les SS décident d’éliminer les derniers prisonniers et de détruire les traces de ces lieux de mort. C’est ce qui se produit avec les internés de Neuengamme qui sont envoyés dans des marches forcées, les fameuses marches de la mort, où beaucoup périrent.

Les derniers prisonniers sont regroupés par les SS dans l’ancien paquebot de luxe le Cap Arcona qui mouillait en baie de Lübeck. Celui-ci a été le fleuron de la marine allemande dans les années 1920, ayant vogué dans l’Atlantique et transporté à son bord des passagers illustres. C’est l’un des plus gros paquebots de l’époque, supérieur au Titanic. 7 000 personnes sont donc regroupées dans le bateau.

Le 3 mai, une escadrille de la Royal Air Force passe dans le ciel de la baie et bombarde le navire, sans doute mal renseignée par la nature réelle du bateau et ignorante du fait que des prisonniers y ont été entassés. Le navire coule en quelques minutes. Ceux qui arrivent à en réchapper et à rejoindre la côte sont fusillés par les SS ; certains sont malgré tout récupérés par des navires anglais.

Le dernier camp de la mort se fonde sur une documentation abondante. Les auteurs étudient le camp de Neuengamme, ainsi que l’histoire du Cap Arcona et la tragédie de ces hommes qui y ont péri. Du fait de la coupure de l’Allemagne et du bombardement par la RAF, cette tragédie était restée assez méconnue. Avec ce livre richement documenté, les morts sortent de l’oubli.

  • Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, Le dernier camp de la mort : La tragédie du Cap Arcona, 3 mai 1945, Tallandier, janvier 2017, 297 pages.

Source contrepoints.org
Par Jean-Baptiste Noé.


Jean-Baptiste Noé est historien et écrivain. Il est rédacteur pour la revue de géopolitique Conflits et chroniqueur à l'Opinion.

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