mercredi 1 juillet 2015

Billets-Deux Prix Nobel d’économie volent au secours de Tsipras

Deux Prix Nobel d’économie volent au secours de Tsipras

Le 5 juillet, le peuple grec doit se prononcer par référendum sur la dernière proposition d’accord faite à Athènes par ses créanciers. Selon les économistes Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il ferait mieux de voter non et ainsi la rejeter.
 
A quelques jours du référendum en Grèce, deux économistes américains de haut vol, l’un et l’autre lauréats du prix Nobel d’économie, l’un et l’autre adeptes du néokeynésianisme, s’impliquent avec force dans le débat.

Le premier, Paul Krugman, 62 ans, appelle clairement les Grecs à voter non. “Le gouvernement devrait être prêt, si nécessaire, à abandonner l’euro”, écrit-il dans The New York Times, titre dans lequel il tient une chronique. Le deuxième, Joseph Stiglitz, 72 ans, dit simplement, dans un article publié dans The Guardian, qu’il sait bien ce qu’il voterait. De toute évidence, il cocherait la case non sur le bulletin.

Un pays épuisé
Accepter “les propositions de la troïka [Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international]” plongerait la Grèce “dans une dépression économique quasiment sans fin”, argumente-t-il. “Peut-être qu’un pays épuisé – qui aurait vendu tous ses actifs et dont la jeunesse brillante aurait émigré – finirait par obtenir une remise de sa dette. (…) Peut-être que la Grèce, racornie au point de devenir une économie à revenu moyen, finirait par obtenir l’aide de la Banque mondiale. Tout cela pourrait peut-être se produire au cours de la prochaine décennie ou de la suivante.”
 
Personne n'a intérêt à acculer la Grèce
Voter non, en revanche, permettrait au moins à la Grèce “de prendre son destin en main” et de se construire un avenir qui, sans être aussi prospère que son passé, serait préférable à “la torture” insupportable qu’elle subit.

Krugman et Stiglitz font en gros le même constat : c’est l’austérité imposée par ses créditeurs qui a plongé la Grèce dans une crise aussi profonde. Et c’est encore la même politique qu’ils lui proposent aujourd’hui.

“C’est une proposition que le Premier ministre Alexis Tsipras ne peut accepter, car cela détruirait sa raison d’être politique” – et les interlocuteurs du pays le savent fort bien, analyse Krugman. “L’objectif est de pousser Tsipras à quitter ses fonctions, ce qui se produira probablement si les Grecs redoutent la confrontation avec la troïka au point de voter oui.”

L’antithèse de la démocratie
Stiglitz est encore plus dur : “Les dirigeants européens révèlent enfin la vraie nature du conflit concernant la dette grecque ; il est question de pouvoir et de démocratie, bien plus que d’argent et d’économie”. L’euro “n’a jamais été un projet très démocratique”, assène-t-il. “Le modèle économique qui soutient la zone euro est fondé sur des relations de pouvoir qui désavantagent les travailleurs.”

Ce qui se passe aujourd’hui, c’est “l’antithèse de la démocratie : nombre de dirigeants européens veulent simplement en finir avec le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras.”


DESSIN DE KOUNTOURIS, GRECE.

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