samedi 1 février 2020

Billets-Croissance… encéphalogramme plat


Croissance… encéphalogramme plat

La croissance française est en panne. C’est, paraît-il, la cause de tous nos maux : le chômage, les déficits publics, la dette souveraine, le recul du pouvoir d’achat, « c’est la faute à pas de croissance ». Comme les médecins de Molière, nos gouvernants ne cessent de dénoncer la faible croissance, « la croissance, vous dis-je ! ». Sans doute, il y a du vrai, mais la croissance ne tombe pas du ciel et il ne suffit pas de l’appeler pour qu’elle arrive. L’absence de croissance est un vrai problème, mais qui s’explique, comme nos autres difficultés, par l’absence de vraies réformes. Car dans bien d’autres pays, la croissance est au rendez-vous. Pas en France.

0,4% de croissance cette année
L’INSEE ne sait plus quel vocabulaire inventer pour décrire l’état de la croissance, ou plutôt de la non-croissance, en France. Dans les phases « d’optimisme », on a droit à « reprise poussive » ou « timide éclaircie », démenties le trimestre suivant, et le plus souvent « toujours pas d’élan » ou « à l’arrêt ». Pour 2014, les résultats sont édifiants : 0% au premier comme au second trimestre ; les prévisions pour les 3° et 4° trimestres sont de 0,1% pour chacun d’eux. Compte tenu de « l’acquis » antérieur de croissance, cela devrait donner 0,4% pour l’ensemble de l’année 2014. Autant dire un encéphalogramme plat, car la croissance en était pratiquement au même point en 2012, comme en 2013. Personne ne croit à la prévision gouvernementale de 1% pour l’an prochain ; l’acquis de croissance étant nul, l’INSEE parle d’une « croissance sans filet ».

C’est « la faute à la crise » selon le gouvernement. Mais la crise est largement surmontée dans bien des pays et le FMI montre que partout, « la reprise continue », même si on est loin de certains niveaux antérieurs. Il prévoit 3,3% en 2014 au niveau mondial (3,8% en 2015). Les pays émergents s’en sortent mieux encore, avec 4,4% en 2014 et 5,0% en 2015. Mais il n’y a pas qu’eux : les États-Unis, pour lesquels le chômage est au plus bas, devraient connaître 3,1% de croissance en 2015. Bien sûr, il y a l’Europe, région la plus mal en point, mais même pour la seule zone euro, région la plus menacée en Europe, ce serait 0,8 et 1,3%. Même l’Allemagne, dont nos ministres ont souligné le recul de la croissance de 0,2% au second semestre, devrait retrouver 0,4% et 0,3% de croissance aux deux derniers trimestres 2014 et les prévisions sont de 1,4% en 2014 et 1,5% en 2015.

Nous ne sommes pas des inconditionnels des agrégats économiques, qui reposent sur des conventions discutables, et moins encore des prévisions, souvent remises en question. Mais tous les organismes montrent que la France, qui se situait au niveau moyen de la zone euro il y a deux ans, décroche depuis 2013. Même des pays comme l’Espagne font désormais bien mieux que nous, de même que les pays européens extérieurs à la zone euro comme le Royaume-Uni. Et ça ne va pas s’arranger. Le Monde, qui n’est pas réputé être anti-gouvernemental, titre : « Croissance : la France n’a pas encore touché le fond ». Notre pays devient « l’homme malade de l’Europe ».

Nous attendons la croissance, comme on attend Godot
Faut-il s’en étonner ? Nous attendons la croissance, comme on attend Godot. Comme Godot, elle ne viendra jamais si on se contente d’attendre. Le gouvernement attend d’abord que « les autres » agissent : la politique monétaire, du côté de la BCE, dont nous avons montré qu’elle ne changeait rien à la croissance réelle et que, même en inondant l’Europe de liquidités, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. La politique budgétaire, en particulier de l’Allemagne, qui a fait de gros efforts pour revenir à l’équilibre des finances publiques et qu’on supplie de relancer par les dépenses publiques, alors que sa meilleure santé prouve une nouvelle fois que jamais un déficit public n’a relancé l’économie ; sinon, l’Allemagne devrait être en dépression et nous en croissance rapide ! Personne ne croit plus à la relance par la demande.

Le gouvernement affirme qu’il joue sur l’offre ; François Hollande pratiquerait « une politique de l’offre », puisqu’avec les CICE, pactes de compétitivité, de responsabilité et autres, il vise à réduire les charges sur les entreprises et que notre premier ministre a déclaré son amour pour elles. D’ailleurs, l’extrême-gauche ne critique-t-elle pas « les cadeaux » faits aux patrons ? Il y a eu quelques mesurettes, mais, en fait de cadeau, après avoir augmenté fortement les charges sur les entreprises, on les a légèrement diminuées. Certaines mesures ne sont pas encore entrées en vigueur et les autres sont à dose homéopathique. Rien n’a réellement changé et on en reste aux discours et aux incantations.

Ce sont les entreprises qui créent la croissance
Quand le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, dit que « la France est malade », il a raison, mais il n’en tire pas les conséquences. Qui créé la croissance, les richesses, les emplois, le pouvoir d’achat ? Ce sont les entreprises et les entrepreneurs qui sont à leur tête. Or nos entreprises sont malades et elles sont malades de l’État. Le vrai moteur de la croissance, ce sont les investissements des entreprises. C’est ce moteur qui est en panne et qu’il faut remettre en route. Les investissements des entreprises ne cessent de reculer, et encore cette année : – 0,6% au premier trimestre et – 0,7% au second, alors qu’ils progressent chez nos voisins.

Comment les entreprises osent-elles ne pas investir, après tant de cadeaux fabuleux, s’interrogent certains ? Pour investir, il faut en avoir les moyens. Or le taux de marge des entreprises a encore reculé au second semestre de 0,5%, pour atteindre 29,3%, taux bien inférieur à celui de nos voisins. Si le taux de marge recule, c’est bien que les baisses de charges ont été inexistantes, ou presque, et ne compensent pas les hausses antérieures. On ne peut pas en même temps hurler contre les « superprofits » des entreprises, tellement « super » qu’ils sont les plus faibles d’Europe, en cherchant à les réduire encore, et demander aux entreprises d’investir plus avec moins d’argent.

« Laissez-faire, laissez-passer »
Pour investir, comme pour embaucher, il faut aussi le vouloir et ne pas en être empêché. Pour ne prendre qu’un exemple, le code du travail français comprend 10 628 articles contre 98 en Suisse ! Il fait 3604 pages et continue à grossir d’au moins une page par semaine depuis trois ans ; dépasser 50 salariés entraîne 35 obligations supplémentaires et les coûts correspondants. Qui va investir dans un environnement fiscal, réglementaire, social qui change sans cesse et qui est d’une complexité infinie ? Qui va investir, quand les charges dévorent tout le gain potentiel ?

Les entrepreneurs n’ont pas besoin de cadeaux, ni de politique de relance. Ils n’ont besoin que de liberté. Partout dans le monde, comme en témoignent les indices de liberté, c’est la liberté qui permet aux entreprises de créer des richesses et des emplois. C’est la liberté qui créera la croissance. Et la liberté ne viendra pas de politiques gouvernementales, mais d’un désengagement de l’État. Si la France est malade et si la croissance y est nulle, c’est parce que l’État occupe tout l’espace et empêche les entreprises de faire leur travail. « Laissez-faire, laissez-passer » est la meilleure politique de relance de la croissance.

Source libres.org

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