lundi 23 novembre 2020

Billets-A bas les cyclistes !


A bas les cyclistes !

Un chroniqueur anglais s'insurge contre les adeptes du vélo en milieu urbain, devenus encore plus arrogants et prétentieux que les automobilistes – et, selon lui, bien plus dangereux…

Nous sommes nombreux à nous inquiéter de la diminution constante du nombre de cyclistes tués sur les routes. Les utilisateurs de vélo au Royaume-Uni ont connu une croissance incroyable depuis 2006, d'autant plus depuis que Sir Bradley Wiggins a remporté une course de bicyclette en France en 2012 [le Tour de France]. Pourtant, les accidents mortels incluant des cyclistes n'ont connu qu'une légère hausse.

J'en déduis que les automobilistes sont devenus plus accommodants avec cette population et qu'ils ont perdu leur zèle anticyclistes radical. C'est sûrement dû au harcèlement et à la propagande des autorités, pour lesquelles renverser un vélo, volontairement ou non, relève d'une certaine "incivilité". Y ont aussi contribué les cyclistes vedettes comme Wiggins ou cet Ecossais [Chris Hoy, six fois champion olympique] qui tourne en rond sur un circuit à une vitesse folle tel un hamster roux aux gros mollets, lui aussi anobli.
Wiggins et l'Ecossais militent l'un et l'autre contre le massacre des cyclistes. Ils veulent aussi davantage de pistes cyclables (que les cyclistes adorent mais n'utilisent jamais) et encore plus de limitations de vitesse pour ceux qui financent les routes (les automobilistes). Ce qui m'inquiète, c'est que, si tuer des cyclistes n'est plus acceptable dans un pays libre, le cyclisme risque à terme de devenir une activité "acceptable" pour tous les gens normaux. On a déjà connu de telles dérives avec les homosexuels, les mères célibataires et certains étrangers : d'abord, on nous enjoint de ne pas les stigmatiser, ensuite ils finissent par réclamer l'égalité. Il faut y mettre le holà avant qu'il ne soit trop tard.

  • Ils sont persuadés de sauver le monde
Bon, d'accord, je plaisante, et ce n'est pas du meilleur goût. Vous aurez sans doute compris que je plaisantais, à moins que vous ne soyez vous-même un cycliste enragé – pardon, engagé – et décidé à être scandalisé coûte que coûte. Dans ce cas, vous êtes sans doute propriétaire d'un vélo hors de prix, vous pédalez recouvert de Lycra, coiffé d'un petit casque en plastique pointu et prétentieux, chaussé de lunettes ridicules et porteur d'une bouteille d'eau pathétique. Surtout, vous êtes farouchement convaincu d'être une victime, du fait de votre vulnérabilité sur la route. Et vous estimez que votre statut de victime vous donne le droit de vous en prendre à tous ceux que vous croisez sur la voie publique, y compris les piétons. Rien de tel que de se considérer comme une victime pour flatter son ego, rien de tel que le ressentiment pour tuer l'ennui. Tous les cyclistes n'appartiennent pas à cette catégorie, loin de là. Mais ils sont nombreux à en faire partie.
Les cyclistes – certains d'entre eux, beaucoup d'entre eux – sont devenus ces dernières années bouffis de suffisance et aveuglés par leur colère. Un comportement encouragé par les victoires de Wiggins et de l'homme-hamster écossais, mais aussi lié au fait que ces gens sont convaincus de faire autre chose que pédaler entre l'avenue High Holborn et la gare de Paddington [à Londres]. Ils croient sauver la planète. Et ils pensent que nous autres, tous les non-cyclistes, la détruisons. Ils s'imaginent qu'ils sont différents. Non, vous n'êtes pas différents ! Vous n'avez juste pas les moyens de vous offrir une voiture, ou alors vous vous faites des illusions quant à l'impact de quelques kilomètres à vélo sur l'environnement. Et vous êtes trop paresseux pour simplement marcher.
Les cyclistes sont l'une des questions sur lesquelles la classe dirigeante et les citoyens ont des avis opposés. A n'en pas douter, le comportement de certains cyclistes, la frange militante, met en rage à la fois les piétons et les automobilistes – autrement dit, l'immense majorité des Britanniques. J'avais toujours pensé, quand je voyais deux cyclistes avancer de front dans une rue un peu étroite, bloquant la circulation, qu'ils n'étaient pas conscients de la gêne qu'ils provoquaient. Qu'ils ne savaient peut-être pas qu'il y avait une voiture derrière eux, et derrière celle-ci une cinquantaine d'autres.
Oh ! mais si, ils en sont conscients. Allez sur les forums de cyclistes et vous y apprendrez que, s'ils circulent à deux de front, c'est précisément pour empêcher les voitures de les doubler, car dans les rues étroites ils sont convaincus que les automobilistes vont les doubler en les rasant. Alors ils bloquent
toute la rue sans la moindre gêne car ce sont des victimes.


  • Les piétons, vraies victimes de la route
Même chose pour ce qui est de circuler sur les trottoirs, quitte à renverser des retraités. Pour une fois, la loi est claire sur ce point : ils n'y sont absolument pas autorisés. Mais ils le font, parce qu'ils s'y sentent plus en sécurité, évidemment. Ecoute-moi, andouille au casque en plastique : si tu n'as pas les couilles de circuler sur la chaussée, alors laisse tomber le vélo. Au kilomètre parcouru, les piétons restent bien plus "vulnérables" que les cyclistes : ils sont bien plus nombreux à se faire tuer que les cyclistes. Ce sont eux – c'est-à-dire nous – les vraies victimes, même si nous ne passons pas notre temps à geindre. Et le nombre de piétons renversés par des cyclistes augmente aussi année après année, à tel point qu'on a proposé une législation pour que les cyclistes, eux aussi, respectent les lois.
Et puis, bien sûr, il y a les feux rouges, grillés en permanence. Et ces cyclistes qui se faufilent dans le trafic avec un air supérieur... S'il est vrai que la majorité des accidents dont sont victimes les piétons sont causés par des automobilistes, lorsque vous vous promenez dans la rue vous avez toujours l'impression qu'une voiture fera son maximum pour vous éviter. Au contraire, non seulement les cyclistes n'en ont rien à faire de vous, mais ils vous rendront responsable pour tout accident qui pourrait survenir.

  • Pénalisons davantage ces mal élevés
Tout est question d'attitude. Longtemps, on a enfoncé dans le crâne des automobilistes que leur comportement était asocial et peu recommandable. Ils se sont vu imposer des restrictions toujours plus importantes : règles concernant ce qu'ils pouvaient faire ou ne pas faire au volant, limitations de vitesse, obligation de laisser leur voiture au parking pour réduire les embouteillages et sauver la planète... Résultat, ils sont devenus attentifs... et lâches ! En revanche, on a dit aux cyclistes que ce qu'ils faisaient était une bonne chose, qu'il vaudrait mieux que nous roulions tous à vélo (c'est faux – il vaudrait mieux que nous circulions tous à pied) et donc ils sont persuadés de ne rien pouvoir faire de mal. Pétris de bonne conscience, ils tiennent le haut du pavé, ce qui comprend d'ailleurs le trottoir.
Je pense que l'on devrait un peu légiférer pour leur régler leur compte, pour pénaliser les cyclistes adultes qui circulent sur les trottoirs, pour leur coller des amendes lorsqu'ils grillent les feux rouges ou circulent à deux de front dans des rues inadaptées. Et il va falloir soit rendre obligatoire l'utilisation des pistes cyclables, soit faire en sorte que les autorités locales cessent d'en aménager (et suppriment celles qui existent déjà). Alors les cyclistes se sentiront encore plus victimes, ce qui les rendra encore plus heureux.


Source Courrier International

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