samedi 6 juillet 2013

Billets-Pistés par des capteurs


Pistés par des capteurs

A l’heure où le Big Data [la gestion des masses de données] devient monnaie courante dans les entreprises, certaines collectent des informations en temps réel sur la manière dont leur personnel travaille et interagit.

L’année dernière, Cubist Pharmaceuticals a ainsi pisté 30 employés du service vente et marketing dans ses bureaux de Lexington (Massachusetts). L’objectif était d’en savoir plus sur les échanges entre les membres d’une équipe et entre les services. Pendant quatre semaines, les salariés ont porté un appareil de la taille d’un iPhone fourni par la société Sociometric Solutions. Ce boîtier a collecté des informations sur leurs déplacements, le volume de leur voix et le type de leurs conversations, qui ont ensuite été combinées à des données concernant les flux de courriels ainsi qu’aux résultats de questionnaires hebdomadaires via lesquels les employés devaient évaluer leur énergie et leur productivité.

Cubist a alors observé un lien entre l’existence d’échanges en face-à-face et une forte productivité. Il a également noté une baisse significative de l’activité sociale pendant la pause-déjeuner, que de nombreuses personnes ont consacrée à la consultation de leur messagerie. L’entreprise a réagi en rendant sa cafétéria plus attrayante : l’éclairage et les menus ont été améliorés afin d’inciter les gens à déjeuner ensemble. Une pause-café a été instaurée à 15 heures pour redonner du tonus et favoriser les contacts.

Dans ce type d’étude, les participants reçoivent normalement un rapport de synthèse et peuvent avoir accès aux informations qui les concernent. Certains cadres veulent consulter des données individuelles, reconnaît Ben Waber, directeur général de Sociometric Solutions, mais le client doit signer un contrat qui le lui interdit. Dans la cinquantaine de moyennes et grandes entreprises qui ont déjà fait appel à ses services, 90 % des collaborateurs ont accepté de participer et de porter le capteur pendant toute la journée de travail (sauf dans les toilettes). Les autres pouvaient choisir d’arborer un badge inactif.

“Il n’est pas illégal de pister ses propres employés dans ses propres locaux”, commente Lewis Maltby, président du National Workrights Institute, qui défend les droits des salariés. Le problème, c’est que les entreprises vont probablement réclamer des données nominatives. “Là encore, ce n’est pas illégal. Mais voulez-vous vraiment que votre employeur vous suive à la trace ? Ça donne la chair de poule.”


Source Courrier International

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