mercredi 30 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Soupe au crabe et aux asperges (Sup Mang Tay Cua)


Soupe au crabe et aux asperges (Sup Mang Tay Cua)

Préparation : 3 mn
Macération : 30 mn
Cuisson : 33 mn
Pour 4 à 6 personnes 
1 litre de bouillon de poule
4 champignons chinois séchés (trempés dans de l’eau chaude pendant 30 minutes, puis finement émincés)
230 g de chair de crabe émiettée
1 cuillerée à soupe de Maïzena (diluée dans 4 cuillerées à soupe d’eau froide)
1 œuf battu
6 pointes d’asperges finement émincées en diagonale
Sel marin
Poivre du moulin
8 à 12 œufs de caille durs
Coriandre ciselée pour garnir
1. Portez le bouillon à ébullition. Ajoutez les champignons et le crabe. Laissez frémir 30 minutes environ, jusqu’à ce que les champignons soient cuits.
2. Incorporez peu à peu la Maïzena diluée dans l’eau, puis l’œuf battu. Ajoutez les asperges. Salez et poivrez selon votre goût. Laissez cuire à feu doux pendant 3 minutes.
3. Servez chaud, en garnissant chaque bol avec deux œufs de caille, de la coriandre ciselée et du poivre noir du moulin.
Ce plat, que l’on sert dans les restaurants et les cafés, témoigne de l’influence française sur la cuisine vietnamienne (les asperges ont été introduites au Vietnam par les Français). Les asperges cultivées dans la région de Dalat, au centre du pays, qui jouit d’un climat tempéré, sont disponibles dans les supermarchés asiatiques.

mardi 29 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Salade de fruits à la cannelle (Trai Cay)


Salade de fruits à la cannelle (Trai Cay)

Préparation : 15 mn
Cuisson : sans
Pour 6 personnes 
Mélange de fruits (mangue, papaye, banane, ananas, carambole, pastèque et melon d’hivers)
Pour le jus
6 limes pour les jus et les zestes râpés
3 cuillerées à soupe de miel
½ cuillerée à café d’huile de graines de sésame grillées
1 cuillerée à café de cannelle en poudre
1 pincée de sel marin
1. Coupez les fruits en morceaux, en les pelant si nécessaire, et disposez-les sur une assiette ou dans une jatte.
2. Préparez le jus : mettez le zeste et le jus des limes dans un récipient. Mélangez. Ajoutez le miel peu à peu, en remuant, afin d’obtenir un mélange crémeux. Goûtez, et ajoutez un peu de miel si le jus est trop acide. Incorporez l’huile de sésame, la cannelle et le sel.
3. Versez le jus sur les fruits et remuez délicatement. Laissez reposer dans un endroit frais pendant 15 minutes, pour que les saveurs se mêlent. Servez frais.
Les Vietnamiens ont tendance à consommer un seul fruit à une période donnée. Les fraises et les cerises poussent dans la région de Dalat, au centre du Vietnam, qui jouit d’un climat tempéré, mais les fruits tropicaux sont plus largement disponibles. Pour une présentation plus simple, on éliminera l’assaisonnement et on servira les fruits avec des quartiers de lime.


lundi 28 mai 2012

Billets-Frantz Fanon


Frantz Fanon, l'indépendance dans la chair

Né aux Antilles, psychiatre et militant aux côtés du FLN algérien, Frantz Fanon a décrypté dès les années 1950 les effets de la colonisation. Son œuvre, cinquante ans après sa mort, se révèle d'une troublante actualité.

La mère patrie a trahi son fils noir. Celui-ci la trahira en retour. Frantz Fanon, né antillais en 1925, est mort algérien le 6 décembre 1961, à l'âge encore tendre de 36 ans. Une courte vie qui lui aura laissé le temps de combattre le nazisme au sein des Forces françaises libres, d'étudier la médecine à Lyon – et de suivre les cours du philosophe Maurice Merleau-Ponty –, puis d'exercer, à partir de 1953, son métier de psychiatre en Algérie. Expulsé en 1956 car engagé aux côtés du FLN, il rejoint la Tunisie et sillonne l'Afrique noire à son tour lancée sur la voie de l'indépendance, en tant qu'ambassadeur du gouvernement provisoire algérien, chantre d'une solidarité panafricaine. « Il a choisi. Il est devenu algérien. Il n'est pas facile de se souvenir d'un homme comme celui-là en France », résumait sobrement Aimé Césaire il y a tout juste cinquante ans.

Longtemps occulté, Fanon refait aujourd'hui surface dans l'Hexagone à travers un volume d'œuvres complètes et la traduction de la biographie de référence de David Macey. « Il était temps de proposer une vision globale de sa trajectoire intellectuelle et politique, note François Gèze, qui dirige les éditions La Découverte. Nous avons voulu répondre à la demande des lecteurs, et notamment des jeunes issus de l'immigration qui se retrouvent spontanément dans certaines pages de Fanon, stupéfiantes d'actualité. » Cette œuvre incandescente est devant nous. Vive et vivante.
« Fanon est dans l'air du temps et pas seulement dans les banlieues. Sa voix, souffle inépuisable, a l'éclat du métal. Sa pensée, une arme de silex, est animée par une indestructible volonté de vie, une poétique et une pratique de la vie », s'enflamme Achille Mbembe, politologue camerounais, préfacier de ses œuvres.

Son dernier souffle vital, Frantz Fanon l'a employé à dicter Les Damnés de la terre, son ouvrage le plus célèbre, préfacé par Jean-Paul Sartre. Le médecin, alors atteint d'une leucémie myéloïde, soigné entre Moscou et Washington, savait qu'il ne lui restait plus que quelques semaines à vivre. Dans ce testament publié en France en 1961 par François Maspero, en pleine guerre d'Algérie – et aussitôt interdit pour atteinte à la sécurité de l'Etat –, Frantz Fanon voulait « mettre sur pied un homme neuf » qui devrait naître une fois que la paysannerie aurait renversé le colonialisme et la bourgeoisie locale, toujours prête à récupérer les forces de libération nationale.
Adoré aux Etats-Unis par les Black Panthers, cet essai fut condamné par beaucoup, vu comme une apologie antieuropéenne de la violence – attisée par la préface de Sartre. « L'homme colonisé se libère dans et par la violence », écrit en effet Fanon sans détour. Mais cette violence-ci, révolutionnaire, ne peut être comprise que si on la relie à la violence du racisme. La première le libère, le désintoxique de la seconde, qui l'a rendu malade. La perspective de la révolution lui a fait faire « peau neuve », après avoir toute sa vie souffert de sa peau noire.
  • Le Noir n'existe que dans le regard du Blanc : “Je suis un nègre – mais naturellement, je ne le sais pas, puisque je le suis.”
A l'orée de la mort, Fanon, aguerri mais apaisé, ne craignait plus le regard du colon : « Son regard ne me foudroie plus, ne m'immobilise plus, sa voix ne me pétrifie plus. Je ne me trouble plus en sa présence. » Cet échange de regards, « expérience vécue du Noir », était déjà au cœur de Peau noire, masques blancs, son premier livre, publié en 1952, époustouflant « essai de compréhension du rapport Noir-Blanc », tout à la fois confession philosophique et étude clinique. De même que c'est l'antisémite qui fait le Juif (Sartre), de même le Noir n'existe que dans le regard du Blanc : « Je suis un nègre – mais naturellement, je ne le sais pas, puisque je le suis. »
L'intensité contemporaine de Fanon émane peut-être davantage de cette féroce description du racisme très étudiée par les post-colonial studies anglo-saxonnes que des Damnés de la terre, bible tiers-mondiste de la praxis révolutionnaire. Ces Damnés, ancrés dans la lutte anticoloniale, ne risquent-ils pas de nous paraître prisonniers de leur époque, loin de nous ? Le best-seller du psychiatre est peut-être aussi sa camisole de force. Celui qui a lutté pour humaniser la psychiatrie mérite à son tour qu'on l'en libère un peu. En vue de découvrir d'autres textes.
« L'enjeu est aujourd'hui de sortir de la division entre le Fanon anticolonial et (dé)passé des Damnés de la terre et le Fanon précurseur, postcolonial avant l'heure, de Peau noire, masques blancs, propose le jeune philosophe Matthieu Renault. Faire de Fanon notre contemporain, lui redonner un présent, c'est retrouver une continuité théorique, dialectique, qui manque souvent aux biographies. » Dans son essai, Frantz Fanon, De l'anticolonialisme à la critique postcoloniale, Renault remarque à juste titre que cette pensée francophone a tout de suite voyagé sans trouver d'attaches sur son propre sol. « Pour les Noirs américains, Fanon parle d'eux, précise la philosophe Magali Bessone, qui signe l'introduction aux œuvres. Il a tout de suite fonctionné aux Etats-Unis comme un auteur local, théoricien majeur de la lutte contre la ségrégation raciale. Son unité est bien plus évidente là-bas. »
  • “Un pays colonial est un pays raciste […] il n'est pas possible d'asservir des hommes sans logiquement les inférioriser de part en part. 
De part et d'autre de l'Atlantique, que nous révèle Fanon ? Que le racisme n'est pas une tare psychologique individuelle mais une vaste machinerie culturelle, sociale, politique. Deux équations sans appel en composent les rouages : « un pays colonial est un pays raciste » et « il n'est pas possible d'asservir des hommes sans logiquement les inférioriser de part en part », écrit l'auteur dans sa conférence, « Racisme et culture », donnée à Paris en 1956 au Congrès des écrivains et artistes noirs.
C'est cette implacable mécanique raciste, clé de voûte de la colonisation, qui, la même année, le décide à couper le dernier cordon qui le liait à la France, en quittant son poste de chef de service à l'hôpital psychiatrique de Blida. Dans sa lettre de démission adressée au ministre résident Robert Lacoste, il expose son cas de conscience : ne plus pouvoir continuer à soigner des hommes deux fois aliénés – « l'Arabe, aliéné permanent dans son pays, vit dans un état de dépersonnalisation absolue ».
  • “Ils n'ont qu'à rester chez eux ! Eh oui ! Voici le drame : ils n'ont qu'à rester chez eux. Seulement on leur a dit qu'ils étaient français.”
Ce parallèle entre aliénation psychiatrique et aliénation coloniale est l'un des fondements de sa pensée. Quelques années auparavant, à Lyon, le médecin avait su identifier les maux de ses patients nord-africains discriminés. Hier comme aujourd'hui, Fanon rappelle à ceux qui auraient tendance à l'oublier que le racisme n'est pas une idée abstraite, il est physique, ronge le corps, est affaire de peau, de mélanine, de sang, de tension musculaire – « C'est le cœur qui voltige là-dedans. C'est la tête qui éclate », écrit-il magnifiquement dans « Le syndrome nord-africain », paru dans la revue Esprit en 1952, mais qui, en ces temps de reconduites à la frontière, n'a rien perdu de son ironie tranchante. « Ils n'ont qu'à rester chez eux ! Eh oui ! Voici le drame : ils n'ont qu'à rester chez eux. Seulement on leur a dit qu'ils étaient français. Ils l'ont appris à l'école. Dans la rue. Dans les casernes. Sur les champs de bataille. On leur a introduit la France partout où, dans leur corps et dans leur “âme”, il y avait place pour quelque chose d'apparemment grand. »


Une leçon de géographie politique et morale dans un cahier d'écolier français,
en 1949. Photo : Gusmann/Leemage.

Fils d'un inspecteur des douanes et d'une commerçante qui lui disait de ne pas « faire le nègre » quand il faisait des bêtises, biberonné au culte de la grandeur française, le Martiniquais a vécu la même déconvenue que ses malades. « Convaincu qu'être français consistait à défendre une certaine idée de la vie, de l'égalité entre les êtres humains, de la liberté et du droit, Fanon a pris part, à l'âge de 19 ans, à la guerre contre le nazisme, nous raconte Achille Mbembe. Au cours de cette épreuve, il découvrit qu'aux yeux de la France il était avant tout un Noir. Il en éprouva un terrible sentiment de trahison. »
Un traumatisme que met en perspective l'historien de la ­colonisation Nicolas Bancel, auteur de La Fracture coloniale : « Fanon est un pur produit de la politique coloniale qui consistait à former des élites. Celles-ci devaient intégrer le système pour le faire durer, en faisant un lien, une interface, entre la société colonisée et le pouvoir colonial. Mais cet entre-deux culturel fut pour Fanon la source d'une immense souffrance quand il s'est rendu compte qu'il demeurait dans une position subalterne. La promesse de l'idéal républicain s'est alors violemment brisée. »
La République prétendue une et indivisible, Fanon l'a vécue dans sa chair sous la forme d'une abominable division – il parle même de « scissiparité ». L'intégration promise devint violente désintégration. La Seconde Guerre mondiale fut un siège intérieur. Une lettre envoyée à ses parents depuis le front alsacien, un an après son départ de Fort-de-France, jette aux orties cet « idéal obsolète » : « Cette fausse idéologie ne doit plus nous illuminer. Je me suis trompé ! » Un hurlement : « Si je ne retournais pas, si vous appreniez un jour ma mort face à l'ennemi, consolez-vous, mais ne dites jamais : il est mort pour la belle cause... » S'il rejette une telle « erreur blanche », Fanon ne veut pas non plus tomber dans ce qu'il nomme le « mirage noir » ; il refuse d'être dépositaire de valeurs spécifiques, de se laisser figer dans une négritude qui deviendrait une essence inamovible – le « Nègre je suis, nègre je resterai » de Césaire. Ni livrée noire, ni masque blanc.
Sans égale, l'œuvre de Fanon pénètre les méandres psychiques et culturels de la colonisation, ses mécanismes d'hybridation, de mimétisme. Ainsi, ses pages sur le désir de « lactification » éclairent de mille feux un phénomène social préoccupant, problème de santé publique : ces femmes noires prêtes à tout pour blanchir leur peau, pour revêtir le fameux déguisement blanc. On n'exerce ni ne subit jamais une domination sans que cela ait des conséquences, écrit Fanon en substance.
  • “C'est le Blanc qui crée le nègre. Mais c'est le nègre qui crée la négritude. A l'offensive colonialiste autour du voile, le colonisé oppose le culte du voile.”
Il donne à comprendre les effets de retour de la colonisation. A quel point notre société est le fruit de notre histoire. « Rien n'est jamais simple, binaire, puisque la colonie colonise en retour la métropole. Fanon nous fournit des outils pour penser cette multiculturalité qui, qu'on le veuille ou non, traverse l'espace social français. C'est très déstabilisant tant notre système repose sur l'universalisme, mais Fanon, qui a lui-même fait ce parcours de la déstabilisation, a tout à nous apprendre », analyse Nicolas Bancel.
La question du voile, qu'il aborde dans son deuxième livre, méconnu, L'An V de la révolution algérienne (1959), est l'un de ces effets rétroactifs : « C'est le Blanc qui crée le nègre. Mais c'est le nègre qui crée la négritude. A l'offensive colonialiste autour du voile, le colonisé oppose le culte du voile », écrit-il dans la section « L'Algérie se dévoile ». L'« exhibitionnisme véhément et agressif » comme réponse à l'acculturation : de quoi nous faire réfléchir aujourd'hui...
Même le débat actuel sur la « repentance » coloniale n'échappe pas à la lucidité de Fanon. Son intelligence interrogative refuse en effet un quelconque processus de culpabilisation, de fixation délétère, de lutte mémorielle : « Vais-je demander à l'homme blanc d'aujourd'hui d'être responsable des négriers du XVIIe siècle ? Vais-je essayer par tous les moyens de faire naître la culpabilité dans les âmes ? » Non, assurément, Fanon n'implore qu'une chose : « O mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! » Cinquante ans après sa mort, ses questionnements sont les nôtres. Ils traversent, lacèrent notre corps social et politique. Espérons que le médecin nous ­aidera à en penser les plaies. Et, rêvons un peu, à en panser certaines ?





dimanche 27 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Riz à l’omelette (Com Chien Hoang Bao)



Riz à l’omelette (Com Chien Hoang Bao)

Préparation : 5 mn
Cuisson : 12 mn
Pour 2 à 4 personnes 
1 oignon finement haché
1 gousse d’ail finement hachée
1 tige de citronnelle fraîche finement hachée
230 g d’un mélange de carotte et de navets asiatique coupés en petits dés, de petits pois et de grains de maïs
120 g de riz blanc à longs grains
1 bouquet de coriandre
2 œufs battus
1 pincée de sel marin
1 pincée de poivre noir du moulin
Huile pour la friture
1. Faites frire l’oignon avec l’ail et la citronnelle dans un wok huilé, à feu vif. Ajoutez le mélange de légumes et le riz. Laissez frire, sans cesser de remuer avec une spatule en bois, jusqu’à ce que les légumes soient cuits. Retirez du feu et gardez au chaud.
2. Préparez l’omelette : salez et poivrez les œufs. Chauffez un peu d’huile dans une poêle de 25 cm de diamètre, versez les œufs et faites cuire jusqu’à ce que l’omelette soit brun doré sur le dessous.
3. Disposez le riz et les légumes sur un plat. Recouvrez avec l’omelette, le côté doré sur le dessus, et décorez avec des brins de coriandre. Servez aussitôt.
Le nom vietnamien de ce plat signifie : le « manteau de l’empereur », car le jaune est la couleur impériale. Cette recette, à base d’ingrédients simples, est une spécialité de Huê, l’ancienne capitale impériale.


vendredi 25 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Pudding à la banane (Banh Chuoi Nuong)


Pudding à la banane (Banh Chuoi Nuong)

Préparation : 15 mn
Cuisson : 30 mn
Pour 4 à 6 personnes 
15 cl de lait de coco
½ cuillerée à café d’essence de vanille pure
8 tranches de pain blanc écroûté
Beurre
700 g de bananes mûres
120 g de sucre roux
1. Mélangez le lait de coco et l’essence de vanille dans une assiette creuse. Ajoutez les tranches de pain et laissez-les tremper pendant 10 minutes.
2. Beurrez légèrement un moule antiadhésif de 20 cm de diamètre. Superposez des couches de tranches de pain imprégnées du lait de coco, de bananes et de sucre, en commençant par une couche de pain et en finissant par une couche de bananes saupoudrées de sucre.
3. Préchauffez le four à 180° C (th. 6).
4. Faites cuire au four pendant 30 minutes environ. Laissez refroidir au moins 3 heures avant de démouler le pudding.
Ce dessert est très apprécié. Il en existe plusieurs variantes, notamment une recette où l’on mélange du lait concentré au lait de coco. Contrairement à d’autres puddings, celui-ci est très moelleux.

jeudi 24 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Crème caramel à la noix de coco (Banh Flan)

Crème caramel à la noix de coco (Banh Flan)

Préparation : 20 mn
Cuisson : 40 mn
Pour 4 personnes 
120 g de sucre semoule
25 cl de lait
25 cl de lait de coco
4 œufs battus
60 g de sucre en poudre
Quelques gouttes d’essence de vanille pure
25 g de noix de coco fraîchement râpée ou séchée
1. Versez le sucre semoule dans une casserole à fond épais. Ajoutez 10 cl d’eau. Portez à ébullition, en remuant pour dissoudre le sucre. Laissez bouillir jusqu’à ce que le mélange caramélise. Retirez du feu et ajoutez 2 cuillerées à soupe d’eau. Remuez jusqu’à ca que le caramel soit onctueux, puis répartissez-le dans quatre ramequins de 9 cm de diamètre.
2. Versez le lait et le lait de coco dans la casserole, mélangez et faites chauffer jusqu’à l’apparition de bulles sur les bords. Ôtez la casserole du feu. Incorporez les œufs, le sucre en poudre et l’essence de vanille en fouettant. Ajoutez la noix de coco. Répartissez le mélange dans les ramequins.
3. Préchauffez le four à 160° C (th. 5-6).
4. Versez de l’eau dans un plat à four jusqu’à mi-hauteur. Placez une grille sur le plat et disposez les ramequins sur la grille. Faites cuire au four pendant 40 minutes environ. Laissez refroidir. Décollez les bords, puis démoulez pour servir.
La crème caramel, souvent aromatisée à la noix de coco, est si appréciée au Vietnam que l’on a presque oublié ses origines françaises. Elle est servie partout : dans la rue, sur les marchés et dans les restaurants de luxe. Cette recette est celle du chef de l’hôtel Omni Saigon.


mercredi 23 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Bananes au lait de coco (Che Chuoi)


Bananes au lait de coco (Che Chuoi)

Préparation : 15 mn 
Cuisson : 10 mn
Pour 4 personnes 
50 g de sagou
40 cl de lait de coco
60 g de sucre en poudre
450 g de bananes
1. Faites tremper le sagou dans de l’eau froide pendant 10 minutes. Égouttez-le.
2. Versez 40 cl d’eau dans une casserole. Ajoutez le lait de coco et le sucre. Mélangez et portez à ébullition.
3. Coupez les bananes en deux dans la longueur, puis en tronçons de 5 cm. Incorporez le sagou et les tronçons de banane au lait de coco et laissez cuire pendant 10 minutes environ, en remuant de temps en temps. Le sagou doit être transparent et les bananes bien tendres. Servez chaud.
Ce gâteau à la banane trône sur les étals des marchés, à côté de crème caramel et de boissons colorées au lait de coco, agrémentées de gelée, de haricots et de glace – autant de desserts très appréciés des jeunes femmes vietnamiennes. Il se déguste plutôt au milieu de la matinée ou de l’après-midi qu’en dessert.


mardi 22 mai 2012

Recettes Vietnamiennes-Tofu au gingembre (Che Dau Hu)


Tofu au gingembre (Che Dau Hu)

Préparation : 10 mn
Cuisson : 3 mn
Pour 4 personnes 
450 g de tofu
60 g de sucre roux
1 morceau de gingembre frais de 2,5 cm finement râpé
½ lime
1. Coupez le tofu en tranches fines. Répartissez-les dans 4 bols.
2. Versez 25 cl d’eau dans une casserole. Ajoutez le sucre, mélangez et portez à ébullition. Incorporez le gingembre, remuez pendant 1 minute, puis versez ce sirop sur le tofu.
3. Arrosez avec un filet de jus de lime et servez.
Autrefois, pour confectionner ce plat, on utilisait du tofu maison, préparé avec des haricots de soja, de la farine et de la poudre de gypse. Aujourd’hui, on emploie plutôt du tofu tout prêt.

dimanche 20 mai 2012

Recettes: Tartes-Tarte aux fraises

Tarte aux fraises

Préparation : 40 mn
Cuisson : 30 mn
Pour 6 personnes
500 g de fraises
Pour la pâte
150 g de beurre
1 œuf
250 g de farine
100 g de sucre
1 pincée de sel
Pour la garniture
2 jaunes d’œufs
20 cl de lait entier
60 g de sucre glace
1 cuillerée à café d’extrait de vanille
1 cuillerée à soupe de crème fraîche épaisse
25 g de maïzena

1. Mélangez la farine avec le sucre, ajoutez le sel et le beurre coupé en morceau, mixez ou travaillez avec les mains. Quand la pâte est bien mélangée, ajoutez l’œuf entier, mélangez à nouveau. Laissez reposer 1 heure au frais.
2. Étalez la pâte dans un moule à tarte beurré de 26 cm. Piquez le fond avec une fourchette. Recouvrez la pâte d’un papier de cuisson. Faites cuire au four préchauffé à 180 °C '(th. 6), pendant 25 à 30 minutes. Laissez refroidir.
3. Pendant ce temps, préparez la crème pâtissière : faites chauffer le lait. Fouettez les jaunes avec le sucre, l’extrait de vanille et la maïzena, versez le lait chaud, mélangez, replacez sur le feu et sans cesser de remuer laissez épaissir et cuire 2 minutes. Hors du feu ajoutez la crème, mélangez et laissez refroidir.
4. Étalez le mélange sur la pâte de la tarte, disposez les fraises. Saupoudrez de sucre glace et servez sans plus tarder pour éviter à la pâte de se détremper.
Vous pouvez parfumer la crème avec 2 cuillerées à soupe d’eau de fleur d’oranger ou recouvrir les fraises, comme chez le pâtissier, d’une couche de gelée de groseilles fondues.


mardi 15 mai 2012

Recettes: Desserts-Poêlée de mûres


Poêlée de mûres 
 
Préparation : 20 mn
Cuisson : 10 mn
 

Pour 2 personnes
250 g de mûres
10 cl de lait
2 œufs
30 g de beurre salé
80 g de farine
½ sachet de levure
1 sachet de sucre vanillé

1. Dans une jatte, versez la farine, la levure et la moitié du sucre, mélangez. Incorporez 20 g de beurre, les œufs et le lait, mélangez bien.
2. Faites fondre doucement le reste du beurre dans une grande poêle.
3. Mettez les mûres dans un saladier. Saupoudrez-les de sucre, mélangez, et sans attendre disposez-les dans la poêle. Versez la pâte dessus et laissez cuire le gâteau à la façon d’un pancake, 15 minutes à feu très doux. Quand la pâte est suffisamment prise, saupoudrez-la des deux sucres.
4. Retournez-la à l’aide d’une assiette et laissez caraméliser l’autre côté du gâteau, 5 minutes environ. Dégustez chaud ou tiède, selon votre goût.


lundi 14 mai 2012

Recettes: Desserts-Tian aux poires


Tian aux poires

Préparation : 15 mn
Cuisson : 1 heure
 

Pour 1 grand plat
1.2 kg de poires Conférence
80 g de cerneaux de noix
2 cuillerées à café de cannelle
150 g de sucre en poudre
100 g de beurre
 

1. Coupez les poires en quartiers. Ôtez le cœur. Pelez-les et coupez-les en lamelles.
2. Concassez grossièrement les noix. Mélangez le sucre et la cannelle. 
3. Préchauffez le four à 160 °C (th. 5-6). 
4. Beurrez un tian. Saupoudrez le fond de sucre à la cannelle. Garnissez-le de poires et de noix en couches alternées, avec du sucre à la cannelle et des petits morceaux de beurre. Terminez par une couche de sucre et de beurre. 
5. Faites cuire 1 heure au four. Servez tiède dans le plat de cuisson.

dimanche 13 mai 2012

Recettes: Desserts-Galette aux pommes


Galette aux pommes

Préparation : 20 mn
Cuisson :
55 mn
Pour 4 personnes
3 pommes granny-smith

65 g de graines de pavot

30 g de beurre

110 g de cassonade

1 œuf
2 rouleaux de pâte feuilletée de 250 g chacun

1.
Épluchez les pommes et coupez-les en petits morceaux.
2.
Dans une grande casserole, poêlez le pavot avec le beurre et la cassonade pendant 5 minutes. Ajoutez les pommes, baissez le feu et couvrez. Continuez à cuire 15 minutes pour obtenir une compote dense contenant des morceaux.
3.
Préchauffez le four à 190 °C (th. 6-7). Battez l’œuf.
4.
Couvrez la plaque du four de papier sulfurisé. Coupez 2 ronds de pâte de 30 cm de diamètre.
5.
Placez un rond sur la plaque et couvrez de compote de pomme et de pavot. Superposez l’autre rond de pâte en collant le pourtour avec les doigts. Incisez le haut de la galette à l’aide d’un couteau. Dorez la galette avec de l’œuf en utilisant un pinceau de cuisine.
6.
Faites cuire au four pendant 35 minutes.
En ajoutant une fève à la farce, cette galette devient une originale galette des rois.


jeudi 10 mai 2012

Recettes Tartes-Tarte aux quetsches d’Eric Kayser



Tarte aux quetsches d’Eric Kayser

Pour la pâte
Préparation : 10 mn
Temps de réfrigération de la pâte : 1 nuit
Pour 3 tartes
300 g de beurre ramolli
60 g de sucre en poudre
125 g de sucre glace
60 g de poudre d’amandes
5 g de sel
2 œufs entiers
500 g de farine

Pour la garniture
Préparation : 20 mn
Temps de cuisson : 30 mn
Pour 1 tarte rectangulaire de 20x30 cm
250 g de pâte sablée aux amandes
1 kg de quetsches
3 œufs entiers
245 g de sucre en poudre
80 g de poudre d’amandes
8 g de cannelle en poudre + un peu pour le décor
10 cl de crème liquide
40 g de beurre fondu
Sucre glace
Cannelle en poudre
Préparation de la pâte
1. Dans le bol d’un robot, malaxez le beurre en pommade. Mêlez le sucre en poudre, le sucre glace, la poudre d’amandes et le sel.
2. Incorporez les œufs un à un. Versez la farine et mélangez bien le tout.
3. Roulez la pâte en boule, enveloppez-la d’un film alimentaire et gardez-la au réfrigérateur une nuit.
Préparation de la garniture
4. Préchauffez le four à 160° C (th. 5-6).
5. Lavez et essuyez les quetsches avec du papier absorbant. Coupez-les en deux et ôtez le noyau.
6. Dans une jatte, fouettez les œufs avec le sucre en poudre. Ajoutez la poudre d’amande, la cannelle et la crème liquide. Mélangez puis versez le beurre fondu. Mêlez à nouveau.
7. Foncez le moule avec la pâte sablée aux amandes. Versez la moitié de la préparation puis disposez les demi-quetsches. Versez le reste de l’appareil et enfournez 30 minutes.
Servez froid saupoudré de sucre glace mélangé de cannelle.
Conseil
Cette recette de pâte sablée vous permet de réaliser 3 tartes. Prélevez un tiers de la pâte pour faire votre tarte et filmez le reste en deux parts égales à réservez au congélateur pour une utilisation ultérieure.
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dimanche 6 mai 2012

Billets-Entretien avec Russel Banks

Entretien avec Russel Banks 
Il reste le meilleur portraitiste des marginaux de l’Amérique. Son nouveau roman, Lointain souvenir de la peau, suit un jeune exclu accusé de pédophilie. Rencontre avec Russell Banks, écrivain généreux.

 
Russell Banks (Alexandre Guirkinger).

"Vous fumez ? Merveilleux ! Je peux vous en piquer une ? Vous comprenez, j’ai arrêté le tabac." Cet après-midi ensoleillé de mars, Russell Banks a le contact direct et chaleureux, ce qui ne se démentira pas pendant tout le temps de l’entretien. Bel homme aux cheveux blancs, élégant en costume anthracite et fin diamant à l’oreille gauche, Banks est du pain béni pour tout amoureux de littérature américaine. Presque une caricature ambulante d’écrivain US qui validerait par sa seule existence toute notre fantasmagorie de petit Français élevé au lait de Faulkner ou d’Hemingway : issu des classes populaires, fils d’un plombier alcoolique qui le cognait, sauvé par la seule grâce de l’écriture.
Une belle histoire de rédemption typiquement américaine : contrairement à leurs homologues français, nombre d’auteurs US viennent de milieux défavorisés et d’existences roots. Très vite, Russell Banks s’est d’ailleurs mis à écrire sur les laissés-pour-compte de la société américaine, ne reniant jamais ses origines. S’il avait pourtant opéré depuis dix-sept ans et Sous le règne de Bone un détour par des personnages plus aisés (dans American Darling, entre autres), il renoue enfin dans Lointain souvenir de la peau avec ce qu’il fait de mieux – explorer la vie des marginaux -, sans rien oublier des questions les plus contemporaines telles le web, la pornographie ou le sexe virtuel.
De cette dématérialisation du corps et du sexe, le Kid, 22 ans, est le meilleur symptôme et aussi la victime : un gamin qui n’a jamais fait l’amour, solitaire dans une famille dysfonctionnelle, et qui ne connaît les femmes qu’à travers des images pornographiques qu’il visionne assidûment. Dès le début, on le découvre vivant sous un pont avec d’autres SDF, prisonnier d’une accusation de crime pédophile et d’un bracelet électronique, avec pour seule attache affective un iguane surnommé Iggy.
La force de Russell Banks est de susciter notre empathie pour ce personnage hors norme, même si l’on ne saura pas avant la moitié du roman quelle est la nature véritable de son crime. D’autres personnages tenteront de venir à sa rescousse, comme l’étrange et obèse Professeur, hanté par force secrets et autres obsessions, marié mais dont la vie sexuelle est aussi réduite à néant.
Russell Banks signe dans Lointain souvenir de la peau ses plus grandes scènes d’anthologie, typiques d’une grande tradition littéraire américaine, c’est-à-dire profondément marquantes grâce à une puissance visuelle inouïe : une descente de flics édifiante, un ouragan où les pires criminels se révèlent d’une humanité bouleversante, etc. Car il a beau être devenu l’un des plus grands écrivains américains, Russell Banks n’a rien perdu de son exigence d’être humain. C’est peut-être pourquoi aussi il est l’un des écrivains qu’on a le plus de plaisir à rencontrer.

Vous n’aviez pas écrit autour des classes défavorisées et des SDF depuis Sous le règne de Bone en 1995. Qu’est-ce qui a motivé ce retour à votre thème de prédilection ?
Russell Banks - Je vis à Miami Beach six mois par an. Un jour, dans le journal, je lis qu’une colonie de SDF campe sur le quai que je vois depuis mon balcon : des hommes jugés pour des crimes sexuels et à qui, après leur sortie de prison, on interdit de vivre près de lieux fréquentés par des enfants, donc à peu près partout. Ils campent donc ensemble, avec des bracelets électroniques : des parias dans une prison virtuelle, invisibles aux autres. Cela m’a bouleversé. Je peux très bien imaginer comment on en arrive là, être un gamin sexuellement perturbé qui se retrouve catalogué criminel sexuel et doit survivre dans la rue parmi de véritables pédophiles. Je connais le fils d’un ami qui, à 22 ans, a eu une liaison avec une fille de 15 ans : la police l’a arrêté alors que leur relation était très tendre. C’est à partir de tout ça que j’ai imaginé le Kid.
Par ailleurs, je réfléchissais depuis longtemps à la diffusion de la pornographie sur le web et à notre impossibilité d’y échapper. Et aussi à la virtualisation des contacts humains. La façon dont on communique intimement les uns avec les autres passe de plus en plus par internet. Je ne porte pas de jugement là-dessus, simplement je m’interroge sur les conséquences que cela peut avoir sur les mentalités. Car culturellement, il s’agit d’un changement très important. Je constatais aussi un certain affolement à protéger nos enfants, devenu un véritable symptôme : on croit qu’on ne peut les protéger qu’à grands coups de lois. Aux Etats-Unis, les politiciens exploitent ainsi nos peurs pour installer leur pouvoir.

Écrivez-vous généralement contre ?
C’est inévitable : si on écrit pour, on écrit forcément contre. Mais je dirais que j’écris d’abord pour, c’est-à-dire pour mes personnages, par compassion pour eux. Donc, écrire contre, c’est écrire contre ce qui va contre eux : les ennemis de mes personnages sont mes ennemis (rires). Comme tous les romanciers, j’écris aussi contre les idées reçues et l’étroitesse d’esprit. Le roman est la meilleure des formes pour restituer avec empathie, et le plus dignement possible, la vie intérieure des êtres humains. Depuis Cervantès et le XVIe siècle, la littérature s’est toujours emparée de l’intériorité d’un personnage en lui donnant du sens. Je pense que le roman reste la forme artistique la plus démocratique qui soit. Sinon, je n’ai pas d’idéologie ou de position politique quand j’écris.

Quelles sont les conséquences du web et de la pornographie ?
A un moment du récit, le Kid rencontre un écrivain et lui dit que les romanciers posent des questions mais n’apportent pas de réponses. Eh bien c’est ce que je vous répondrais. Ce soir, par exemple (mardi 13 mars – ndlr), je dois faire une conférence sur la pornographie à la BNF avec un philosophe et franchement, je ne sais pas quoi en dire… Sinon peut-être que si j’ai plutôt des idées libertaires dans ce domaine, nous devons avoir conscience des dangers de la pornographie, comme pour l’alcool ou le tabac – sans pour autant que ça devienne illégal. C’est bien la seule position que je peux prendre sur le sujet. Et peut-être aussi que la propagation virtuelle de la pornographie risque de brouiller les limites entre fantasmes et réalité, créer une sorte de zone grise dans laquelle les adolescents vont vivre leur sexualité.
En fait, le sujet principal de mon livre n’est pas tant internet ou la pornographie que la perte de contact avec notre propre corps. Pour les Américains, c’est encore plus évident. Il suffit de sortir des villes pour constater que l’obésité s’est propagée à la vitesse d’une épidémie. C’en est tellement choquant que je ne m’y suis jamais habitué. Est-ce dû à l’industrialisation de la nourriture ? Au manque d’argent ? Est-ce une question de classe sociale ? Je ne saurais le dire. Il serait facile de les mépriser mais ce sont des victimes.

Manger pourrait ressembler à une forme d’addiction, comme la pornographie. En fait, votre livre peut se lire comme un grand livre sur l’obsession.
Peut-être, oui… Mais pour être honnête, j’essaie encore de comprendre sur quoi porte mon roman. Et je n’y arrive pas. Je ne sais pas sur quoi j’écris.

Avez-vous une technique d’écriture ? Des scènes que vous aimez particulièrement travailler ?
Pour ce roman, j’ai adoré relater les échanges de mails entre le Kid et la fille qu’il drague sur le net, parce que cela m’a amené à pratiquer un langage que je n’avais jamais exploré. D’ailleurs, j’aimerais écrire un roman entièrement composé de tweets, de mails ou de chats. Ce langage et ses limites m’intéressent beaucoup. Quant à ma technique, il me faut avant tout visualiser les scènes que j’écris. Je "vois" mes scènes comme si je rêvais. Si je ne vois plus, c’est que j’ai un problème d’écriture. Tout mon travail est très visuel. Il me faut avoir l’impression d’être le témoin de quelque chose. Pour moi, écrire, c’est être un témoin.

Qu’avez-vous appris durant ces quatre décennies d’écriture ?
Jeune, j’ignorais ce que je faisais en écrivant et, comme cela me rendait anxieux, le fait même d’écrire devenait difficile. Bref, je ne m’en sortais pas. En vieillissant, je ne sais toujours pas où je vais quand j’écris, mais cela ne m’angoisse plus du tout. J’ai même compris que ça faisait partie du processus littéraire. Si j’avais trop conscience de ce que je suis en train de faire, ce serait mauvais, je ne serais plus en train d’écrire mais de prêcher ce que je sais déjà. Mon mentor, quand j’étais jeune, était l’écrivain Nelson Algren. Il ne cessait de me dire qu’un écrivain qui sait ce qu’il fait n’en sait au fond pas très long.

Pensez-vous appartenir à une tradition littéraire américaine ?
Je le croyais car, plus jeune, mes modèles littéraires étaient américains : Hemingway et Faulkner vivaient encore, ces auteurs du XXe siècle ont été très présents pour moi. Aujourd’hui, si en tant que citoyen je me sens certes américain, en tant qu’écrivain je ne me sens d’aucune nationalité. Je me sens aussi proche d’un écrivain chinois ou cubain que d’un écrivain américain. Essayer d’écrire de la littérature transcende la langue, la nation, le genre sexuel. Nous appartenons tous à la même tribu.

Diriez-vous pourtant, comme beaucoup le pensent de vous, que votre grand sujet reste l’Amérique ?
C’est inévitable, puisque j’y vis et que les Américains sont les gens que je connais le mieux. Mais dans American Darling par exemple, je parlais beaucoup de l’Afrique. Et les questions qu’aborde Lointain souvenir de la peau – internet, la pornographie, etc. – sont communes à l’ensemble du monde occidental. C’est pour cela que j’ai changé le nom de la ville, qui ne s’appelle plus Miami, et que je n’ai pas donné de noms à mes personnages autres que le Kid, le Professeur, l’Ecrivain : ce sont des archétypes. La particularité américaine, c’est le problème que pose ce qu’on appelle le libéralisme sexuel : il suscite une peur et provoque une montée des intégrismes catholiques ou musulmans.

Vous vous êtes beaucoup engagé contre George W. Bush. A présent que Barack Obama est président, avez-vous encore des raisons de vous battre ?
Oh oui. On ne vit pas encore dans une société dénuée de racisme. Et dans notre monde, l’écart entre riches et pauvres s’agrandit dangereusement.

Que pensez-vous d’Obama ?
D’abord, Obama n’est pas un malade mental, ce qui est extrêmement rare dans l’histoire des présidents américains. J’ai voté et voterai encore pour lui. N’oublions pas qu’il a récupéré le pays dans un sale état : huit ans de Bush, deux guerres et une économie foutue. Il a fait du bon boulot. Mais je ne me faisais pas non plus de grandes illusions : je n’ai jamais espéré qu’il soit autre chose qu’un centriste et c’est ce qu’il est. S’il remporte la prochaine élection – et je suis sûr qu’il va gagner tant les républicains sont incapables -, il aura cette fois-ci le temps de réaliser avec plus de liberté ses propres idées plutôt que de rectifier les conneries des autres.
Et si on peut sortir de l’Afghanistan, de l’Irak, si Israël et l’Iran n’entrent pas en guerre, si l’économie se rétablit, nous pourrons enfin respirer un peu et commencer à réparer ce qui ne va pas chez nous en réinvestissant dans l’éducation, l’énergie, etc. Ce n’est jamais facile d’atteindre ces buts en Amérique, car c’est un pays essentiellement conservateur, religieux et raciste. C’est avec ça que nous avons à dealer et c’est pourquoi il nous est si difficile d’atteindre des buts progressistes.

Ecrivez-vous encore des tribunes dans la presse ?
Vous savez, je vais avoir 72 ans. Quand je pense à mes 60 ans, j’ai l’impression que c’était hier, alors je sais que le temps qui me sépare de mes 80 ans va passer à la vitesse de l’éclair. En vieillissant, j’ai une conscience de plus en plus aiguë du temps qui passe. Je compte utiliser les années qui me restent à écrire de la fiction, pas du journalisme.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune écrivain ?
En ces temps de peopolisation, se concentrer sur ce qu’il écrit, pas sur sa carrière. Sa carrière, c’est à d’autres de s’en occuper.


Source les inrocks Nelly Kaprièlian