mardi 26 janvier 2010

Lectures Naguib MAHFOUZ-Naguib Mahfouz

Naguib MahfouzNaissance : 11 décembre 1911 – 30 août 2006
Langue d’écriture : arabe égyptien
Genre : Romans, nouvelles
Distinctions : Prix Nobel de littérature (1998)
Naguib Mahfouz était un écrivain égyptien contemporain de langue arabe et l'intellectuel le plus célèbre d’Égypte.
La carrière littéraire de Naguib Mahfouz se confond largement avec l’histoire du roman moderne en Égypte et dans le monde arabe. Dans les années 1920, l’écrivain et homme politique Muhammad Husayn Haykal prône l’émergence d’une « littérature nationale » coulée « dans les moules occidentaux, afin que les Égyptiens y voient le signe qu’ils sont aussi avancés que l’Occident, et peut-être le devancent, dans les domaines de la civilisation ». Nul ne portera mieux que Naguib Mahfouz ce projet à son terme.
Né dans une famille de la petite bourgeoisie cairote, il fait des études de philosophie à l’université du Caire. Il commence à écrire à l'âge de 17 ans et publie ses premiers essais d’écriture dans les revues littéraires des années 1930. Il publie sa première nouvelle en 1939. Ses romans ont pour cadre Le Caire contemporain, dont il décrit les bouleversements sociaux dans une veine réaliste.
Mais le succès public et la reconnaissance critique tardent à venir. Son œuvre la plus importante est la Trilogie du Caire, commencée en 1950. Dans cet ensemble de plus de mille cinq cents pages, chaque roman porte le nom des rues où Mahfouz a passé sa jeunesse : « Impasse des deux palais », « Le Palais du désir », « Le Jardin du passé ». Il y décrit la vie d'un patriarche et de sa famille au Caire pendant une période qui va de la Seconde guerre mondiale jusqu'au renversement du roi Farouk. Par le nombre de ses personnages et la richesse de l'étude sociale, Mahfouz rappelle des prédécesseurs dans le genre romanesque : Balzac, Dickens, Tolstoï, Galsworthy. Dès 1952, il délaisse l’écriture romanesque pour le scénario – forme d’écriture moins noble mais mieux rémunérée.
La publication de la Trilogie en 1956 - 1957 lèvera ses doutes. À quarante-cinq ans, il est enfin reconnu.
Il s’en détourne pourtant avec son roman suivant, « Les enfants de notre quartier » 1959, trad. française « Les Fils de la Médina », tournant dans sa carrière et dans l’histoire du roman arabe. Il y renoue en effet avec la riche tradition de la fiction allégorique pour développer une critique des dérives autoritaires du régime de Nasser et, au-delà, une réflexion pessimiste sur le pouvoir. Publié en feuilleton dans le quotidien Al-Ahram en 1959, puis à nouveau en 1967, ce roman a déclenché une polémique virulente. L'ouvrage (et l'homme) sont attaqués par les ouléma qui les jugent blasphématoires, puis le livre est frappé d’une interdiction officieuse de publication en Égypte. En même temps, le scandale contribue à asseoir sa réputation et n’affecte pas sa carrière. Il publie beaucoup : des nouvelles dans la presse, reprises en recueils, et près d’un roman par an. Ses grands romans réalistes sont adaptés au cinéma l’un après l’autre, ce qui lui donne accès à un public incomparablement plus vaste que celui de l’écrit.
Proche des jeunes écrivains en colère qui émergent dans les années d’effervescence – Gamal Ghitany, Sonallah Ibrahim, Baha Taher, Ibrahim Aslan, Mohammed El Bisatie, etc. – Mahfouz reprendra volontiers à son compte, dans ses romans ultérieurs, leurs innovations esthétiques. Mais c’est lorsqu’il renoue avec sa source d’inspiration favorite, le vieux Caire de son enfance « Récits de notre quartier » 1975, « La Chanson des gueux » 1977, qu’il est au sommet de son art.
Demeuré fidèle tant à ses convictions politiques libérales qu’à sa conception de la littérature, il fait figure dans les années 1980 de maître respecté pour ses qualités morales et son apport massif au roman arabe, mais souvent contesté pour ses options politiques (notamment son soutien à la paix égypto-israélienne). Le prix Nobel qui lui est décerné le 13 octobre 1988 va bousculer sa routine de retraité, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur : ce prix, le premier attribué à un écrivain arabe, lui donne accès au marché mondial. Le pire : dans un contexte d’affrontement violent entre le pouvoir et la fraction radicale de l’opposition islamiste, la polémique autour de « Les Fils de la Médina » refait surface et Naguib Mahfouz survit miraculeusement à une tentative d’assassinat à l’arme blanche perpétrée par deux jeunes fanatiques islamistes. Depuis, il était paralysé de la main droite et avait cessé d'écrire, contraint de dicter ses textes. Croyant toujours au grand pouvoir de la littérature, il déclare au lendemain de l'agression : « L’écriture a beaucoup d’effets sur la culture et sur toutes les valeurs civilisationnelles »
À sa mort tout le monde le pleure et lui rend hommage.
Bibliographie
Au cours de sa carrière qui s'étend sur près de soixante ans, il a publié plus de 50 romans et recueils de nouvelles.
La Malédiction de Râ Abath al-aqdâr, roman 1939 (trad. française 1998)
L'Amante du pharaon Radôbîs, roman 1943 (trad. française 2005)
Le combat de Thèbes Kifâh Tîba, roman 1944
La Belle du Caire Al-Qâhira al-jadîda, roman 1945 (trad. française 2000)
Le Cortège des vivants Khân al-Khalîlî, roman 1946 (trad. Française 1999)
Passage des Miracles Zuqâq al-midaqq, roman 1947 (trad. française 1970)
Le murmure de la folie Hams al-junûn, nouvelles, 1947
Chimères Al-Sarâb, roman 1948 (trad. française 1992)
Vienne la Nuit Bidâya wa-nihâya, roman 1949 (trad. française 1996)
La Trilogie du Caire :
Impasse des Deux-Palais Bayn al-Qasrayn, roman 1956 (trad. française 1987)
Le Palais du désir Qasr al-Chawq, roman 1957 (trad. française 1987)
Le Jardin du passé Al-Sukkariyya, roman 1957 (trad. française 1989)
Les Fils de la médina Awlâd hâratinâ, roman 1959 (trad. Française 1991)
Le voleur et les chiens Al-Liss wa-l-kilâb, roman 1961 (trad. française 1985)
Les cailles et l'automne Al-Simmân wa-l-Kharîf, roman 1962
Le Monde de Dieu Dunya Allâh, nouvelles 1962 (trad. française 2000)
La Quête Al-Tarîq, roman 1964 (trad. française 1997)
Une maison mal famée Bayt sayyi' al-sum'a, nouvelles 1965
Le Mendiant Al-Chahhâdh, roman 1965 (trad. française 1997)
Dérives sur le Nil Tharthara fawq al-Nîl, roman 1966 (trad. française 1989)
Miramar Mîrâmâr, roman 1968 (trad. française 1990)
Le cabaret du Chat Noir Khammârat al-Qitt al-Aswad, nouvelles 1969
Sous l'abri Tahta al-Midhalla , nouvelles 1969
Histoire sans commencement ni fin Hikâya bi-lâ bidâya wa-lâ nihâya, nouvelles 1971
La lune de miel Chahr al-'asal, nouvelles 1971
Miroirs Al-Marâyâ, roman 1972 (trad. française 2001)
L'Amour sous la pluie Al-Hubb taht al-matar , nouvelles 1973
Le Crime Al-Jarîma, nouvelles 1973
Karnak Al-Karnak, nouvelles 1974
Récits de notre quartier Hikayât hârati-nâ, récits 1975 (trad. française 1988)
Au cœur de la nuit Qalb al-Layl, nouvelles 1975
Son Excellence Hadrat al-muhtaram, roman 1975 (trad. française 2008)
La Chanson des gueux Malhamat al-harafîch, roman 1977 (trad. française 1989)
L'Amour au pied des pyramides Al-Hubb fawq hadabat al-haram, nouvelles 1979 (trad. française 1997)
Satan prêche Al-Chaytan ya'izh, 1979
Le temps de l'amour 'Asr al-hubb, 1980
Les noces de Qobba Afrah al-Qubba, 1981
Les Mille et Une Nuits Layâli Alf Layla 1982(trad. française 1997)
J'ai vu dans mon sommeil Ra'aytu fi-mâ yarâ al-nâ'im, nouvelles 1982
Heure H-1 Al-Bâqi min al-zaman Sâ'a, nouvelles 1982
Devant le trône Amâm al-'arch, roman 1983
Le voyage d'Ibn Fattouma Rihlat Ibn Fattouma, roman 1983
L'organisation secrète Al-Tanzhîm al-sirrî, nouvelles 1984
le Renégat Al-'A'ich fî l-haqîqa, roman 1985 (trad. française Akhénaton 1998)
Le Jour de l'assassinat du leader Yawma qutil al-za'îm, roman 1985 (trad. française 1989)
Propos du matin et du soir Hadîth al-sabâh wa-l-masâ', roman 1987 (trad. française 2002)
Matin de roses Sabâh al-ward, roman 1987 (trad. française 1998)
Quchtumar, roman 1988
L'Aube trompeuse Al-Fajr al-kâdhib, nouvelles 1989
Echos d'une autobiographie Asdâ' al-sîra al-dhâtiyya, récits 1996 (trad. française 2004)

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